jeudi 31 août 2017

661 - La fille et le chien

Cambodge 2013                                                                     photo 2542  2/30

 Cambodge : Koh Kong, village de Phumi Pak Khlang, à l'embouchure de la Prek Kaoh Pao.



Un soir où je marchais dans les rues d'une ville
J’aperçus par hasard un couple bien étrange
Formé d'un grand chien noir que tenait une fille,
Une petite fille au visage d'un ange.

Elle était accroupie contre son compagnon,
Le tenant enlacé de ses bras longs et pales
Qui encerclaient le cou et ses grands cheveux blonds
Pendaient négligemment sur ses vêtements sales.

Durant quelques instants, j'ai croisé son regard
Et j'ai vu dans ses yeux une grande tristesse
Et les yeux du grand chien reflétaient ce regard
Qui traduisait sans peine une immense détresse.

Et puis j'ai poursuivi mon chemin inutile,
Laissant sur son trottoir la douloureuse enfant
Et son fidèle ami au cœur de cette ville,
Eux qui surent trop tôt le désenchantement.

Lorsque je vous revois dans cette rue obscure,
O toi la douce enfant, et toi, son beau chien noir,
J'imagine pour vous un brasier de verdure
Dans lequel vous courez sans ombre à votre espoir.

Renaud Bosc

mercredi 30 août 2017

660 - Le village à midi

Cambodge 2013                                                                     photo 2486  1/30

Cambodge : Kampong Chnang, Île de Kampong Lang, 

Le village à midi. La mouche d’or bourdonne
entre les cornes des bœufs.
Nous irons, si tu le veux,
Si tu le veux, dans la campagne monotone.

Entends le coq… Entends la cloche… Entends le paon…
Entends là-bas, là-bas, l’âne…
L’hirondelle noire plane,
Les peupliers au loin s’en vont comme un ruban.

Le puits rongé de mousse ! Écoute sa poulie
qui grince, qui grince encor,
car la fille aux cheveux d’or
tient le vieux seau tout noir d’où l’argent tombe en pluie.

La fillette s’en va d’un pas qui fait pencher
sur sa tête d’or la cruche,
sa tête comme une ruche,
qui se mêle au soleil sous les fleurs du pêcher.

Et dans le bourg voici que les toits noircis lancent
au ciel bleu des flocons bleus ;
et les arbres paresseux
à l’horizon qui vibre à peine se balancent.

Francis Jammes